Compte-rendu – Avancées des groupes de travail et communautés de pratique [séminaire-atelier de rentrée pictorIA, 18 septembre 2025]
Le 18 septembre 2025, le Consortium-HN pictorIA a organisé son séminaire-atelier de rentrée, un moment placé sous le signe du partage et de la réflexion collective. L’événement avait pour double objectif de faire le point sur les travaux en cours au sein du consortium et d’alimenter les échanges autour des projets mobilisant l’intelligence artificielle dans le champ des sciences humaines et sociales. La première partie de la matinée, a été consacrée à un bilan des avancées des groupes de travail et des communautés de pratiques. Ce compte-rendu revient sur les moments clé de la journée : les avancées des différentes équipes, ainsi que les collaboratives explorées au cours de l’année.
GT Formation et Animation : bilan, outils et perspectives.
Le groupe de travail Formation et Animation (avec Marion Charpier, Fantin Le Ber, Pierre Husson et Mathieu Taybi) à présenté un compte-rendu des actions menées en 2025, axées sur la sensibilisation, la formation et l’accompagnement des partenaires du Consortium PictorIA à l’usage d’outils d’intelligence artificielle appliqués à la culture visuelle.
Evènements et activités de formation :
Plusieurs évènements ont rythmé l’année :
- Des journées d’études, des ateliers pratiques, et un hackathon (en décembre).
- La mise en ligne de tutoriels sur les outils développés par Teklia : Arkindex, Calico (et bientôt Panoptik).
- Puis l’organisation d’un atelier ayant réuni une quarantaine de participants, marquant un fort intérêt pour les outils proposés.
Outils présentés et accompagnement :
Comme nous l’avons cité le GT a accompagné différents projets partenaires à travers des outils IA conçus pour faciliter le traitement d’images patrimoniales :
- Arkindex
- Calico
- Aikon
- Panoptik
- TiamaT
Coopération entre Huma-Num x Teklia :
La collaboration avec Huma-Num et Teklia permet d’héberger des plateformes comme Arkindex, avec des développements en cours, dans le but de : simplifier l’intégration du standard IIIF, améliorer l’ergonomie de l’interface de formation des modèles, ainsi que de créer des tutoriels pas-à-pas accessibles à tous les niveaux techniques.
Perspectives et stratégies pour 2026 :
A l’avenir, le GT Formation et Animation souhaiterai,
- Multiplier les formations et faciliter l’adoption des outils dans les institutions partenaires ;
- Soutenir des projets pilotes via un appui ciblé ;
- Former des personnes ressources dans les laboratoires et institutions ;
- Financer des développements spécifiques (nouveaux formats, modèles IA, interopérabilité) en réponse aux besoins de terrain ;
- Mettre en place une forme de contrat d’engagement entre le consortium et les partenaires, assurant un équilibre entre appui offert et retours attendus.
L’objectif est de constituer un écosystème d’outils, de compétences et de formations partagés entre les membres de PictorIA, capable de répondre à la diversité des besoins des chercheurs, conservateurs, ingénieurs et archivistes.
GT Développement :
TEKLIA
En partenariat depuis mars 2025, Huma-Num et Teklia ont mis en place une instance d’Arkindex, (URL : pictoriadoc.hum-num.fr) ; cette version “entreprise” plus robuste que la version open source classique, permet une gestion multi utilisateurs, multi projets et multi droits, répondant ainsi à une demande exprimée dès les premiers ateliers pictorIA : disposer d’un outil IA hébergé sur une infrastructure publique fiable et pérenne.
L’adoption de la plateforme est encourageante : 106 utilisateurs ont initié 168 projets, représentant plus de 62 000 images et 400 000 éléments traités (principalement via OCR/HTR). Ces chiffres témoignent d’un usage exploratoire soutenu. Cependant, un point de vigilance apparaît : seuls trois exports de données ont été effectués, révélant que la plupart des usages restent à l’état de test. Les utilisateurs expérimentent les traitements, mais ne franchissent pas encore le cap de la production de données exploitables à l’extérieur d’Arkindex. Face à ce constat, une question centrale se pose : comment accompagner le passage d’un usage exploratoire à un usage projet ? Plusieurs pistes sont à l’étude : développer des tutoriels plus ciblés, renforcer l’accompagnement, ou encore intégrer des modèles plus adaptés aux cas d’usage spécifiques des chercheurs. La plateforme Arkindex permet d’intégrer divers outils d’analyse (Yolo, Clip, Pilaia, Tcrx, Llm; etc.), mais pourrait aussi s’enrichir de modèles issus d’autres communautés, notamment via Hugging Face.
L’enjeu désormais est de faire converger les capacités techniques d’Arkindex avec les besoins méthodologiques des chercheurs, pour passer d’un outil testé à un outil adopté.
HUMA-NUM
Dans le cadre d’Huma-Num, le travail engagé avec le consortium pictorIA autour d’Arkindex s’inscrit dans une stratégie plus large d’outillage des SHS à l’ère de l’IA et de l’IA générative. Le partenariat avec Teklia et pictorIA a permis d’initier l’hébergement de plateformes co-construites avec les communautés sur les infrastructures de calcul d’ Huma-Num. L’instance Arkindex déployée fonctionne intégralement sur les serveurs et GPUs d’Huma-Num, dans une logique de souveraineté des données et de sécurité, évitant tout recours à des APIs tierces peu maîtrisables. Ce dispositif entre dans le niveau 5 de leur nouvelle grille de services : celui des applications “projets-ciels”, issues de besoins de consortiums, conçues en collaboration, maintenues et hébergées à long terme.
Pour soutenir cette montée en puissance, Huma-Num a activement recherché des financements externes afin d’acquérir des capacités de calcul dédiées à l’IA. Cette stratégie répond à la nécessité d’avancer en marchant : les technologies IA sont récentes, évolutives, et ne peuvent être intégrées dans une logique standard d’infrastructure classique. Un point d’alerte important est souligné : ces outils complexes ne pourront jamais être intégrés sur simple demande. Toute intégration doit faire l’objet d’une co-conception en amont avec Huma-Num, dans le cadre d’un projet structuré. C’est cette logique partenariale qui garantit la robustesse, la pérennité et la pertinence des services proposés.
En somme, cette collaboration pictorIA x Teklia x Huma-Num constitue un modèle pilote de co-développement d’outils IA pour les SHS, articulant expertise technologique, accompagnement méthodologique, et infrastructure souveraine.
GT Annotation : bilans des travaux
Le groupe de travail Annotation à poursuivi cette année une réflexion engagée (dans le prolongement des travaux de Léa Maronnet et Alice Truc, dans le cadre de leurs thèses ; ainsi que des recherches antérieures menées par Emmanuel Château-Dutier, en lien avec des problématiques d’annotation d’image). L’approche du GT s’est enrichie d’une dimension informatique, avec une attention particulière portée à la formation ontologique des pratiques d’annotation.
Organisation de réunions thématiques et état de l’art.
Le GT a commencé par organiser une série de réunions thématiques visant à établir un état de l’art des pratiques et outils existants, en distinguant :
- L’annotation structurelle – repérage de zones d’intérêt dans une image.
- L’annotation sémantique – ajout d’informations associées à ces zones (étiquettes, descriptions, textes, voire images liées).
Cette exploration a permis de rassembler une diversité de solutions techniques, tout en identifiant les limites et contraintes de certains outils actuellement disponibles.
Atelier hybride.
Un atelier hybride, organisé en mai dernier (présentiel + distanciel), a permis de mettre à l’épreuve ces réflexions théoriques à travers des exercices pratiques d’annotation.
- En présentiel, une quarantaine de participant.es ont pu annoter directement des images, tant sur le plan structurel que sémantique.
- A distance, l’utilisation de tableaux blancs Zoom a facilité la participation, malgré quelques défis techniques liés à l’animation.
L’atelier a également introduit une approche plus libre, en invitant les participant.es à annoter sur papier, en se libérant temporairement des contraintes des outils numériques. Cette méthode a permis de stimuler la créativité et de faire émerger des besoins plus qualitatifs, notamment autour de :
- La composition et les rythmes visuels,
- Les relations-inter-images dans un corpus,
- Les aspects liées à la maintenance, à l’accès aux ressources, et à la souveraineté numérique.
Résultats et perspectives.
Les retours issus de l’atelier (ainsi que d’un questionnaire préalable) ont confirmé les besoins déjà identifiés dans les travaux antérieurs : des outils simples, souples, accessibles, permettant d’annoter efficacement des corpus visuels (et parfois textuels) en lien avec les questionnement des chercheurs. Deux publications (rédigées par Alice Truc et Léa Maronnet) sont venues formaliser ces premiers résultats, déjà publiées à ce jour.
Projets à venir.
Pour l’année à venir, le GT entend poursuivre ses travaux en s’appuyant sur des cas concrets de corpus issus des recherches en cours. L’objectif est double :
- Tester les standards existants pour l’annotation.
- Explorer de nouvelles formes d’annotation, plus adaptées aux problématiques spécifiques rencontrées dans les projets (par exemple : annotations relationnelles, annotations hybrides texte/image).
Ces travaux s’inscrivent dans une logique collaborative et ouverte : le GT reste disponible pour accueillir de nouvelles idées, contributions, ou expérimentations de la part des partenaires du consortium.
Communautés de pratiques : projets et initiatives.
Trois “communautés de pratiques” ont été créée cette année pour favoriser les échanges transversaux entre disciplines et enrichir les dynamiques inter-consortiums : Archéologie et arts visuels, Géomatique, Institutions culturelles. Elles ont initié plusieurs actions ont été initiée tout au long de l’année, .
HN-Café Un HN-Café, est en cours d’élaboration. L’objectif serait d’en faire un rendez-vous récurrent, à l’image du Hackathon, dédié aux échanges entre communautés. L’enjeu est de permettre le partage de projets, de pratiques et de problématiques communes. Les thématiques transversales envisagées :
- Les données géohistoriques (Projets Time Machine)
- Les archives archéologiques (MASAplus)
- La mise en relation entre images et textes, images et légende (Ariane, CORLI)
- La 3D (3DHN).
Evènements et actions marquantes
- Séminaire géomatique à Tours en juin (collab. pictorIA, MSH Val-de Loire, CITERES).
- Journées Imagia 2025 à Aix en Provence en mai (collab. pictorIA, MASAplus, DoreMiTi, AMU et MMSH) sur les croisements IA, images, archéologie et 3D.
- Journée Digit-Hum à l’ENS en octobre (pictorIA et Digit-Hum), sur l’IA pour les SHS.
Rapprochement 1/ Le projet européen AUTOMATA (données archéologiques lithiques et céramiques). Le projet Automata (cascading grant d’ECHOES) se concentre sur l’analyse numérique des artefacts lithiques et céramiques à l’aide de technologies avancées, comme l’intelligence artificielle. Ce projet pourrait bénéficier des riches données issues des fouilles de l’Inrap, notamment pour affiner ses méthodologies de classification et de traitement des collections archéologiques, en intégrant des données réelles issues du terrain. 2/ La participation à l’organisation du séminaire annuel de l’Inrap. Ce séminaire annuel rassemble des experts en archéologie pour présenter et discuter des innovations et des méthodologies de recherche. La présentation du projet Automata dans ce cadre permettrait de lancer des échanges sur les méthodes numériques d’analyse des artefacts et d’encourager des collaborations entre archéologues de terrain et spécialistes des technologies numériques.
Cartographie des publications et projets sur l’archéologie et les arts visuels : environ 130 références collectées dans Zotero (avec un appel à contribution lancé pour enrichir cette base collaborative).
Projets en cours:
Archive de Mari – en collaboration avec Teklia. Ce projet porte sur l’étude des archives archéologiques de Mari, une ancienne cité mésopotamienne. En collaboration avec Teklia, une entreprise spécialisée dans l’analyse de données, le projet vise à numériser et analyser les tablettes et documents retrouvés sur le site. L’objectif est de mieux comprendre les structures sociales, économiques et politiques de la cité, en utilisant des technologies avancées pour le traitement des inscriptions cunéiformes.
Poteries d’Argonne – décors géométriques estampés répétitifs. Ce projet se concentre sur l’étude des poteries provenant de la région de l’Argonne. Il met l’accent sur des décors répétés (séquences de motifs et composants des séquences) et leur dimension tridimensionnelle. L’objectif est d’analyser les motifs et de repérer les séquences similaires, qui témoignent des ateliers de production, ainsi que les techniques de fabrication en utilisant des outils numériques pour reconstituer les formes et les décors des céramiques.
Motifs de chevaux – monnaies celtes. Ce projet étudie les motifs de chevaux présents sur les monnaies celtes, en particulier les symboles associés à ces animaux dans les sociétés celtes anciennes. L’objectif est de déterminer les significations culturelles et économiques de ces motifs et de mieux comprendre leur place dans les systèmes monétaires de l’époque.
Corpus de figurines en terre cuite. Ce projet vise à créer un corpus complet des figurines en terre cuite retrouvées dans diverses fouilles archéologiques. L’objectif est d’analyser la répartition et l’évolution de ces figurines à travers les différentes cultures et périodes, en mettant particulièrement l’accent sur leurs rôles symboliques, cultuels ou domestiques.
Typologie des Artefacts Antiques Figurés (TAAF) : images du corpus de la campagne photographique des objets de l’Antiquité classique conservés au Cabinet des médailles de la BnF (collab. LIMC, BnF, MSH Mondes, LabEx Les passés dans le présent). Ce projet, mené par le LIMC (Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae) vise à exploiter et comparer deux méthodes de gestion et traitement d’un corpus d’images, l’une avec Arkindex pour (ré)entraîner un modèle de détection des types d’objets, l’autre avec Panoptic pour enrichir les métadonnées descriptives, notamment à partir de l’import de métadonnées pré-existantes documentant déjà une partie des images.
Publication semi-structurée : étude du lien entre image, texte et légende dans les catalogues archéologiques et artistiques en utilisant l’intelligence artificielle pour analyser leurs interactions et optimiser l’indexation et la compréhension des contenus.
Les enjeux identifiés – Clarifier l’identité des communautés de pratique vis-à-vis des groupes de travail, notamment sur le plan de la communication. – Favoriser la valorisation des projets hybrides (croisant IA, image, texte, 3D) – Renforcer l’interopérabilité des corpus par des projets collaboratifs et reproductibles.
Ce séminaire a offert un aperçu clair des avancées du Consortium-HN pictorIA: des outils en cours d’adoption, des pratiques qui se structurent, et une dynamique collaborative en plein essor. Les perspectives pour 2026 confirment une volonté partagée d’ancrer durablement l’IA dans les recherches en SHS.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
chaharzad (6 octobre 2025). Compte-rendu – Avancées des groupes de travail et communautés de pratique [séminaire-atelier de rentrée pictorIA, 18 septembre 2025]. Consortium-HN pictorIA. Consulté le 11 novembre 2025 à l’adresse https://pictoria.hypotheses.org/5285

